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 Le vieil homme

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Edern de kernohan

Edern de kernohan


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Date d'inscription : 06/07/2006

Le vieil homme Empty
MessageSujet: Le vieil homme   Le vieil homme EmptyMer 26 Juil - 19:30

Le vieil homme était assis sur le quai, l’esprit ailleurs, heureux de savourer la fraîcheur de la nuit après une journée harassante. Au loin, il devinait la présence de l’île du diable malgré l’obscurité. Seuls les récifs acérés, fléaux de nombreux vaisseaux trop téméraires, surgissaient à la lueur blafarde de la lune. Inlassablement, la mer se brisait sur ces pierres, infatigable et immuable. Le vieil homme se prit à penser aux nombreuses histoires plus ou moins vraisemblables entourant ces lambeaux de terre désolée. Il avait entendu dire que Zaken le non mort, héraut de la mort, étendait son emprise sur ces eaux depuis des lustres, détruisant et corrompant toutes choses vivantes sur ses territoires. Les âmes tourmentées des marins perdus en mer erraient à la surface de ces flots maudits, sans espoir de rédemption ou de repos. Le vieil homme ne savait que penser de cela. Il s’était toujours refusé à croire ces histoires de marins. Pourtant des phénomènes anormaux semblaient se produire aux alentours de ce rocher. Les marins ne voulaient pas partir sans allumer une bougie et dans de nombreuses chaumières, on priait autours du feu en espérant rejeter les mauvais sorts du non mort et apaiser les âmes. Un air malsain planait sur ce lieu. Un frisson parcouru le vieil homme. Pourquoi avait-t-il cette sensation d’oppression ? Il ne fallait pas croire ces histoires. De toutes façon, il restait sur terre, il n’avait rien à craindre….. Il commençait à faire froid…..il se dit qu’il allait rentrer…. la plainte de la houle était si sinistre…

Alors qu’il s’apprêtait à partir, il aperçu une brume opaque se lever aux alentours du rivage de l’île. Elle avançait doucement, serpentant sur la surface sombre des flots, se dirigeant implacablement vers le quai de giran ou se situais le vieil homme. La complainte de la houle, hymne sinistre, semblait accompagner l’avancée régulière de ce flot vaporeux. Incapable du moindre mouvement, le vieil homme sentit un froid glacial s’insinuer doucement dans ses membres. Même sa respiration lui semblait difficile. Au loin, de sombres voix s’élevaient comme pour accueillir les âmes perdues, revenues hanter les vivants. Successivement, les tristes lanternes furent enrobées par ce voile cendreux, donnant à la scène un aspect irréel, immatériel. Au loin, s’entendaient toujours ces cris, sonorités hystériques et indistinctes, entre la joie et les pleurs, incompréhensibles. La folie allait-t-elle le gagner lui aussi, serait-t-il heureux d’enfin rencontrer la mort ou hurlera t’il jusqu'à ce que la mort lui laisse le repos ?....aura t’il le repos d’ailleurs ?.... qu’allait t’il sortir de cette brume ? Ou peut être n’était-ce que son esprit qui lui jouait des tours…..Doucement il essaya de bouger un doigt….son corps ne voulait toujours pas lui répondre…Telle une statue, guetteur involontaire, incapable de détourner le regard, il observait le spectacle auquel il aurait préféré ne pas être convié.

Devant lui, il pouvait toujours distinguer la forme sombre et oppressante de l’île. Les voix s’étaient tues. Même la mer, paraissait silencieuse. La lumière diffuse de la lune éclairait la scène malgré la brume. Un bruit se fit entendre. Quelque chose avançait sur l’eau. Le bruit se confirma. Une silhouette se détachait de l’ombre de l’île. Elle avançait doucement, tache immatérielle survolant les flots. La mer s’ouvrait devant elle, domptée par ce monstre sans pitié. Ses multiples gueules surgirent de la brume, porteuses de mort et de désespoir. De long coups reptiliens portaient ses sombres têtes à l’aspect draconien, hurlant leur soif de carnages et de violence, réclamant la chair et le sang de quiconque leur barrerait le chemin. Ses nombreuses écailles formant une armure impénétrable brillaient d’un noir malsain. Etait ce ses yeux qui l’abusait, mais le vieil aurait jurer voir saigner la mer devant cette bête d’apocalypse. Même la houle semblait lancer des cris de douleurs face à l’avancée de la créature. De gigantesques bras surgirent derrière le monstre. La fin se rapprochait à un rythme insoutenable. Le vieil homme ne pouvait détourner son regard de ce terrible spectacle. Il aurait voulu se remémorer de bons souvenirs afin de mourir l’âme en paix mais même son esprit semblait paralysé. Seul le désespoir, envahissait inexorablement son esprit. Il aurait voulu fermer les yeux mais il ne pouvait pas. Il aurait voulu pleurer mais les larmes ne coulaient que dans son cœur. Il aurait voulu se tenir droit face à la mort tel un héros, ne connaissant pas la peur. Mais il restait là, dans sa position affligeante, incapable de bouger, tel un enfant pris en faute, un enfant trop curieux qui pleurait les conséquences de ses actes. Et il pleurait. Des larmes sourdes. Des larmes de douleur.

Inexorablement, le monstre se rapprochait du quai. Son corps surgissant doucement de la brume et dévoilant sa terrible armature. De longues voiles en lambeaux, marquées par de nombreuses batailles et de multiples tempêtes, pendaient aux vergues des trois gigantesques mats du navire. Nul vent souffle ne gonflait les voiles. Le vaisseau avançait comme poussé par sa volonté propre. Au dessus du grand perroquet, la plus grande voile du navire, flottait un drapeau noir frappé des armes maudites des pirates. Rares étaient les marins ayant encore survécus à cette vision et plus rares encore ceux capables de raconter ce qu’ils avaient vu. Un corps de pendu, le sort réservé aux traîtres, se balançait encore et encore, inlassablement au bout de la grande vergue, attendant un repos qui ne lui serait jamais accordé. Une inscription pouvait encore se lire sur le flanc du bateau malgré les nombreux impact de boulets et les longs voyages en mer. Liberté. Ce cri semblait également sortir des multiples gueules de la figure de proue, monstre marin aux nombreuses têtes, association entre le serpent de mer et l’hydre, noircie par le temps et le sang, et défiant tout personne lui barrant le chemin. La liberté à n’importe quel prix. Le prix des bannis et des parias de ce monde….Et le vieil homme était là, prostré et interdit. La vue du bateau aurait du le rassurer. Il n’en était rien. Mourir assassiner par les pirates ne valait guère mieux…. Le monstre l’aurait tué vite fait….La douleur aurait été fulgurante mais fugitive….Pour les pirates la vie n’était qu’un jeu, la mort aussi,…. Sa vie serait un jeu, sa mort aussi….
Une longue plainte s’éleva du bateau. Un grincement lugubre. Il était venu pour quelque chose et il l’appelait. Répondant à l’appel, des cris surgirent loin à la droite du vieil homme. Lentement, le vaisseau reprit son chemin dans la direction des cris. Le vieil homme aurait voulu avertir les fous qui appelaient le navire. Mais seul un gargouillement sorti de sa gorge. Il fut soulagé. Son cri aurait attiré le navire. Malgré tout, il préférait sauver sa vie. Au diable la pitié et la solidarité. Il n’avait pas crié lui….enfin il n’avait pas pu…. Tant mieux pour lui…. Cela allait peut être lui sauver la vie….Au loin le navire s’était amarré à la berge. Le vieil homme s’attendait à voir débarquer des hordes innombrables de pirates massacrant tout sur leur passage. Peut être même des morts vivants….Au lieu de cela, il vit deux silhouettes monter à bord du navire. Puis le navire repartit, laissant derrière lui, une ville pleine de vie et de bonheur… Seul le vieil homme semblait comprendre la vérité. Comme en réponse à ses pensées, des rires fusèrent du pont du navire, accompagnés par le gémissement du bateau…. Les pirates étaient revenus…. C’était juste un avertissement…. un nouveau jeu…ils l’avaient laissé en vie pour prévenir le peuple…..Alors que le bateau disparaissait au loin, le vieil homme retrouva l’usage de ses membres. Il courut à l’endroit où s’était amarré le bateau. Un drapeau était planté là, flottant au vent…. Un drapeau pirate, bien entendu….Par terre se trouvait un crâne….Sur ce crâne, on pouvait nettement distinguer le mot « liberté ».

Le vieil homme lâcha brusquement le crâne et courut aussi vite que le permettait ces pauvres jambes en direction de la ville.

Les pirates reviendraient…
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